RÉALISEZ UNE TABLE POTAGÈRE

Fabriquer une table potagère est un projet simple. L’objectif est de créer une boîte surélevée pouvant contenir un volume suffisant de substrat, afin d’assurer une bonne croissance des plantes.

La première étape : choisir le matériau de fabrication.

En raison du contact constant avec l’humidité, les parois de la boîte de culture devraient être fabriquées avec un matériau imputrescible (bois, aluminium, plastique, etc.) ou protégé à l’aide d’une membrane étanche (comme un plastique épais) perforée au fond de la boîte, pour de permettre l’écoulement des surplus d’eau. Protégé de cette façon, le bois de palettes peut être recyclé en table potagère économique et écologique. Si vous utilisez des planches résistantes à la pourriture (en mélèze, cèdre, thuya, pruche, bois torréfié, plastique, etc.), placez un géotextile perméable à l’intérieur du bac potager, afin d’éviter la perte de terreau entre les espaces des planches. En raison des risques de contaminations, le bois traité chimiquement ne devrait jamais être en contact avec le substrat.

 

La deuxième étape : déterminer les dimensions de la table.

Il n’y a pas de dimensions standards, toutefois, ayez cependant en tête ces mesures :

  • Pour jardiner debout, prévoyez une hauteur (du sol jusqu’au-dessus de la boîte) de 75 à 100 cm (selon le confort de l’utilisateur) ;
  • Pour jardiner en position assise, une hauteur (du sol jusqu’au-dessus de la boîte) de 80 à 90 cm est généralement idéale (86,5 cm pour personnes en fauteuil roulant) ;
  • La profondeur de la boîte peut être d’environ 30 à 50 cm (avec un minimum de 30 cm) ;
  • Pour le dégagement sous la boîte, prévoyez environ 60 à 68,5 cm pour le jardinage assis (68,5 cm pour personnes en fauteuil roulant). Comme la profondeur de la boîte doit idéalement avoir un minimum de 30 cm, il est possible de fabriquer une boîte plus profonde d’un seul côté, par exemple 20 cm d’un côté et 40 à 50 cm de l’autre ; les racines n’y verront rien.
  • Pour une table accessible d’un seul côté, concevez une table de 50 à 60 cm de largeur. Si vous souhaitez plutôt y avoir accès des deux côtés, vous pouvez facilement aller jusqu’à 100 à 120 cm de largeur. Ces dimensions permettent d’avoir accès facilement aux produits de la table.
  • Options : Les pattes de la table peuvent être munies de sous-pattes ajustables ou de roulettes pivotantes avec frein, permettant son déplacement. Dans les deux cas, choisir une quincaillerie solide et qui résiste à la rouille. Fixée sur des roulettes, la table potagère n’est plus captive de son espace. On peut alors la déplacer et lui fournir, selon le cas, quelques heures additionnelles d’ensoleillent par jours. Cette mobilité est également pratique pour optimiser l’espace ou pour le rangement hivernal.

Placez le géotextile ou le plastique à l’intérieur de la boîte et remplissez-la de terreau, jusqu’à 2 cm du rebord. Choisissez un terreau de qualité, conçu pour la culture en contenant. L’addition de compost (1/3 du volume total pour un compost commercial ou 15 % en volume pour un compost maison) enrichie le potager et permet d’augmenter le pouvoir de rétention en eau du terreau, de plus, le compost permet d’augmenter l’activité microbienne bénéfique autour des racines.

Essais de tables potagères au TechnoLAB d’agriculture urbaine de l’ITA !

Le TechnoLAB d’agriculture urbaine de l’ITA est un laboratoire créer pour les étudiants des deux programmes horticoles du campus Saint-Hyacinthe, soit : Technologie de la production horticole et de l’environnement (TPHE) et Paysage et commercialisation en horticulture ornementale (PCHO).

De la mi-juin au début septembre, Le TechnoLAB d’AU est ouvert au public par l’intermédiaire du Jardin Daniel A. Séguin, dont l’entrée en comprend l’accès. Puisque la majorité de ce laboratoire est situé sur le toit du Pavillon horticole écoresponsable de l’ITA, les visiteurs peuvent par le fait même visiter les trois types de toit végétalisés du Pavillon et ses nombreux modèles de murs végétalisés, intérieurs et extérieurs, démontrant l’énorme potentiel qu’offre la végétalisation urbaine.

Plusieurs tables potagères sont installées au TechnoLAB d’agriculture urbaine. Chaque année, nous sommes étonnés de leur excellente productivité. Nous comptons en installer d’autres en 2018.

Note importante : Les informations partagées dans les lignes qui suivent ne représentent en aucun cas des recommandations ou une référence. Le but est simplement de partager une façon de faire qui pour nous, a donnée de bons résultats, nous travaillons avec ce type de potager depuis quatre années et expérimentons!

Substrat utilisé :

Substrat Potager urbain de la compagnie Fafard.

Gestion du substrat : Grosso modo, chaque année, nous remplaçons une partie du substrat de surface par du nouveau, disons entre 1/5 à 1/3 du volume total, sans appliquer de règle précise. Nous estimons que ce remplacement n’est pas nécessaire à chaque année, mais nous l’incluons dans nos activités pédagogiques. Depuis 4 ans, nos résultats de croissance ont toujours été excellents.

Engrais utilisé :

Engrais organique granulaire 4-3-7  (à base de fumier de volaille)

Taux :

15 grammes (une cuillère à soupe rase)/plant à croissance moyenne (ex. : fines herbes) ou petites plantes

30 grammes (deux cuillères à soupe rase)/plant à croissance rapide (ex. : tomates, etc.) ou grosses plantes

Une application au début juin et une autre à la mi-juillet

+ Engrais organique soluble Nature Source 14-4-3, à une concentration de 500 ppm. Cet engrais à action rapide est utilisé au besoin, lorsque la croissance n’est pas suffisante ou lorsque le feuillage commence à jaunir. À partir du mois d’août, il est appliqué une fois aux deux/trois semaines jusqu’à la fin de la culture. L’engrais Nature Source est appliqué à l’aide d’un injecteur 1 : 100, fixé à un boyau d’arrosage.

Eau utilisée :

Eau de pluie récupérée du toit du Pavillon horticole écoresponsable. Irrigation à la main à l’aide d’un boyau d’arrosage, le matin et au plus tard à 16 h.

Phytoprotection:

Notre approche générale est d’éliminer les plants trop affectés et de mélanger fleurs et plantes potagères, afin de favoriser une biodiversité. Le biopesticide BTK est utilisé pour contrôler la piéride du chou sur les crucifères et parfois, le savon insecticide pour certains cas isolés.

Date de plantation :

Première semaine de juin (pour des raisons de disponibilité de la main d’œuvre, nous pourrions planter plus tôt)

Date de fin de culture :

Mi-octobre

Hivernage de la table :

Les tables potagères sont généralement laissées tel quelle à l’extérieur, sans protection.

Ce que nous avons mis à l’essai jusqu’à maintenant :

Plantes potagères ayant données de bons résultats :

Légumes :

  • Aubergine (certains cultivars nains nous ont déçue pour leur goût…)
  • Bette à carde (récolter régulièrement)
  • Betterave
  • Chou (à planter en bordure de la table et contrôler le feuillage qui pousse vers l’intérieur). La plantation de chou d’été permet de libérer un espace pour une plantation tardive.
  • Chou rave (ou Kolhrabi, deux récoltes sont possibles)
  • Concombre (prend beaucoup d’espace, à planter absolument en bordure de table et choisir des cultivars nains)
  • Haricot (bons résultats, surtout avec le cultivar Mascotte)
  • Kale (peut prendre beaucoup d’espace, ne pas hésiter à tailler les feuilles et replanter de jeunes plants)
  • Laitue (récolter rapidement et renouveler les plants, mélanger les couleurs)
  • Bok Choy (très productif et permet plusieurs plantations successives)
  • Piment (port nain)
  • Tomate (port nain, ex. : petites tomates de type cerise ou raisin)

Herbes

  • Basilic
  • Origan
  • Persil
  • Romarin (le romarin retombant en bordure de table permet de sauver de l’espace)
  • Sarriette
  • Sauge
  • Thym

Plante potagère ayant données de moins bons résultats (pour nous)

Légumes :

  • Carotte (la carotte n’aime pas la compétition pour la lumière, prend beaucoup d’espace pour peu)
  • Fraises (n’aime pas la compétition pour la lumière et le manque d’aération entre les plants favorise la pourriture)

Herbes

  • Estragon (décevant pour nous, croissance faible… )

Plantes à fleurs mises à l’essai (tout a bien poussé) :

  • Capucine (comestible, attention, certains cultivars peuvent être envahissants)
  • Coréopsis
  • Pélargonium (s’adapte mal à la compétition, mais seraient toxique pour les scarabées japonais)
  • Pensée (comestible, mais s’épuise lors des chaleurs de fin juillet, selon les cultivars)
  • Pétunia (intéressant en pourtour de la table pour cascader)
  • Rudbeckie annuelle (les pollinisateurs l’adorent)
  • Tagètes (selon les cultivars, peuvent prendre beaucoup de place, très robuste, les tagètes citron offre beauté et intérêt culinaire)
  • Verveine de Buenos Aires (très visitée par les insectes et fait peu d’ombre sur les autres plantes, un des meilleurs choix)
  • Viola (comestible, mais s’épuise lors des chaleurs de fin juillet, selon les cultivars)

En 2017, le TechnoLAB d’agriculture urbaine a été utilisé comme site de démonstration pour les plantes gagnantes du programme de sélection All America Selection. L’exploitation de trois surfaces urbaines, soit le toit, le mur et le sol, a permis au Jardin Daniel A Séguin d’être honoré par l’organisation AAS en remporté, dans la catégorie des jardins accueillant entre 10 000 et 100 000 visiteurs, la seconde place parmi tous les jardins de cette catégorie en Amérique du Nord.

 

Bons coups, bad coups !

Bad coups !

L’erreur la plus fréquente que nous faisons est de planter trop de jeunes plants au printemps ; par excès d’enthousiasme. Toujours avoir en tête le volume mature de la plante lors de la plantation. La culture sur table est un exercice d’optimisation d’espace et nous réagissons souvent trop tard pour contrôler le volume du feuillage. Il ne faut pas hésiter à couper des feuilles (choux, bettes à carde, herbes), contrôler le développement de certaines tiges (tomates) et faire de la place pour tout le monde. Ne pas permettre à une plante de prendre toute la place ; nous avons perdu plusieurs plants en les étouffants par d’autres. Dans notre cas, nombreuses sont les personnes (employés, étudiants, rotation de vacances, etc.) qui entretiennent l’espace en été. Il est important d’établir un calendrier d’opération (fertilisation, taille, inspection, etc.), car après l’irrigation, on passe à d’autres choses rapidement. Une liste de choses à faire, simple et claire, permet de ne pas perdre le contrôle.

Bons coups !

Partir les légumes suivants : betterave, laitue, kolhrabi (chou rave), bok choy, bette à carde et haricots en multicellules, que nous repiquons directement sur la table. L’effet est instantané et la récolte devancée.

Cultiver des boc choy à côté de plants qui prennent plus de temps à pousser (ex. : tomate). Une récolte rapide avant de laisser la place aux tomates.

En fait, presque tout a été un bon coup avec nos tables potagères et nous avons été très surpris par l’abondance et la rapidité des récoltes (chaleur….).

 

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Les informations de cette fiche sont à titre indicatif et ne représentent en aucun cas des recommandations.

Crédit photo : Claude Vallée, agr. M.Sc Professeur en horticulture Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), Campus de Saint-Hyacinthe