Claude Vallée, agr., M. Sc.
Professeur en horticulture
l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ),
Campus de Saint-Hyacinthe

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Les solutions pour aider!

Si l’on ne peut intervenir à court terme sur les changements climatiques touchant le monarque, il est possible d’agir rapidement sur les habitats favorables à sa survie et à sa reproduction. C’est ici que l’horticulture entre en jeu!

Trois actions à entreprendre rapidement pour la survie du monarque :

⦁ Créer des habitats favorables au développement du monarque.
⦁ Participer à des projets de science participative (ex : Mission monarque).
⦁ Soutenir les efforts de conservation par des dons, la diffusion d’information et la sensibilisation de groupes ou d’individus.

Créer des habitats favorables au développement du monarque

Au Mexique, il faut protéger les coupes de bois et augmenter les superficies de protection des sites d’hivernation. De plus, une bonne gestion de l’écotourisme sur ces sites, au bénéfice des collectivités locales et dans une perspective de protection durable des populations du papillon, est également une solution. Des équipes y travaillent.

En Amérique du Nord et particulièrement au Québec, nous devons favoriser la reproduction des papillons et leur fournir suffisamment de nectar avant leur grande envolée migratoire vers le Mexique, où ils passeront l’hiver. Comment faire? En favorisant la présence d’asclépiades et en s’assurant que du nectar soit disponible en continu, grâce à la présence de fleurs nectarifères.

Les asclépiades :

Étant la seule nourriture possible de la chenille, leur présence est essentielle partout sur le territoire de reproduction du papillon, autant en ville qu’à la campagne. Quatre espèces d’asclépiades sont indigènes au Québec : A. syriaca, A. incarnata, A. exaltata et A. tuberosa var. interior. Des cultivars de certaines de ces espèces sont offerts sur le marché, ainsi qu’une espèce d’origine tropicale, l’asclépiade de Curaçao (A. curassavica), utilisée comme plante annuelle. Des recherches ont démontré que le monarque peut pondre sur toutes ces espèces. Toutefois, lorsque le monarque a le choix, ce dernier a une préférence pour l’asclépiade commune (Asclepias syriaca) et l’asclépiade incarnate (Asclepias incarnata). Ces espèces sont donc à privilégier, mais il ne faut pas s’y limiter, car les femelles pondent encore plus d’œufs lorsqu’il y a plusieurs espèces d’asclépiades sur le site.

Si la présence de l’asclépiade peut être favorisée par la plantation, surtout en ville, certaines pratiques simples peuvent être adoptées pour augmenter naturellement son abondance, par exemple : attendre la fin du cycle de la plante avant de faucher une friche ou un abord de route, ne pas utiliser d’herbicides, laisser croître les jeunes plants apparus spontanément dans les plates-bandes et, surtout, ne plus considérer cette plante comme une mauvaise herbe. Agriculteurs et propriétaires de grands terrains peuvent également laisser une zone de terre à la disposition des papillons. Les villes, par la plantation ou la gestion des espaces verts, sont en mesure de favoriser rapidement la présence d’asclépiades sur leur territoire.

Les plantes nectarifères :

Il est important de fournir aux papillons du nectar tout au long de la saison et surtout, ne pas négliger l’automne où les fleurs se raréfient. Les mois d’août et de septembre correspondent à la période d’accumulation de réserves de gras pour les monarques migrateurs.

Si l’espace est restreint, les plantes annuelles permettent une abondance de fleurs jusqu’au gel, qu’elles soient en pot ou en pleine terre. Le papillon a une histoire naturelle avec les plantes indigènes nectarifères. Il est bon de favoriser leur présence, d’autant plus que plusieurs autres insectes et mammifères y sont associés.

Voir tableaux en annexe, pour une liste de nectarifères (avec période de floraison)

Photo : André Sarrazin

Création d’oasis pour les monarques :

Avec le programme Mon Jardin, Espace pour la vie invite les citoyens à créer des oasis à papillons. Faciles à implanter, ces dernières devraient être présentes partout pour favoriser la biodiversité : terrains privés, cours d’école, espaces municipaux, commerces, zones industrielles, etc. Faire du bien, ça fait du bien!

Les grandes lignes pour ces espaces faciles à réaliser sont :

⦁ Choisir un endroit calme et ensoleillé, à l’abri du vent;
⦁ Planter de l’⦁ asclépiade et d’autres plantes nectarifères, idéalement indigènes;
⦁ Faire un entretien écologique du jardin.

Pour obtenir plus de détails et des trucs additionnels : espacepourlavie.ca/oasis-pour-les-monarques

Autres astuces horticoles pour favoriser les monarques et autres pollinisateurs :

  • aménager quelques points d’eau (es. : bain d’oiseaux), car les papillons s’abreuvent également;
  • ne pas utiliser de pesticides;
  • favoriser des aménagements paysagers d’aspect naturel et biodiversifié;
  • contrôler les plantes envahissantes(ex. : roseau commen, renouée du Japon, ect.);
  • voir les friches urbaines et les herbes longues comme des lieux riches et non comme des terrains mal entretenus;
  • ajouter des plantes nectarifères au potager;
  • faucher certaines zones (gazon, champs, fossés, abords de route, etc.) une seule fois par année;
  • réduire les espaces engazonnés et planter des plantes nectarifères;
  • incorporer des plantes nectarifères au gazon (ex. : trèfle, lotier) et le tondre moins souvent;
  • créer des plantations diversifiées (arbres, arbustes et plantes herbacées), pour créer des microclimats;
  • planifier un endroit végétal pour lesnouvelles constructions et y implanter des plantes nectarifères;
  • choisir des plantes nectarifères pour vos annuelles en pots.

Saviez-vous!

Avec 14 mg de gras, un moarque peut voler :

44 heures En battant des ailes
1 060 heures En vol plané

Source : Journey North

Abord d’un plan d’eau

Bon exemple d’oasis pour monarques

Les Symphyotrichums (Asters), riches en nectar, permettent aux monarques d’accumuler du gras à l’automne avant leur grand départ.

Astuce: incorporer des plantes nectarifères au gazon. (ex. : trèfle. lotier) et le tondre moins souvent.

Astuce : faucher certaines zones (gazon, champs, fossés, abords de route, etc) une seule fois par année, à l’automne.

Astuce : ne pas considérer l’asclépiade comme une mauvaise herbe.

Astuce : incorporer des plantes nectifère au potager.

 

20 plantes idéales pour les monarques

Deux incontournables pour la reproduction (également nectarifères)

  • Asclepias incarnata* (asclépiade incarnate)
  • Asclepias syriaca*(asclépiade commune ou petits cochons)

Nectarifères vivaces pour le papillon

  • Achillea millefolium*(achillée millefeuille ou herbe à dinde)
  • Agastache foeniculum* (agastache fenouil)
  • Echinacea purpurea (échinacée pourpre)
  • Eupatorium perfoliatum* (eupatoire perfoliée)
  • Eutrochium (Syn. Eupatorium) maculatum* (eupatoire maculée)
    Liatris ligulistylis (liatris à style ligulé)
  • Monarda fistulosa* (monarde fistuleuse)
  • Solidago canadensis* (verge d’or du Canada)
  • Symphyotrichum novae-angliae* (aster de Nouvelle-Angleterre)
  • Buddleja spp. (arbuste aux papillons, souvent considéré annuel)

Nectarifères annuelles pour le papillon

  • Cosmos bipinnatus (cosmos bipenné)
  • Heliotropium arborescens (héliotrope du Pérou)
  • Lantana camara (lantanier)
  • Pentas lanceolata (penta lancéolé)
  • Salvia farinacea (sauge farineuse)
  • Tithonia rotundifolia (tournesol mexicain)
  • erbena bonariensis (verveine de Buenos Aires)
  • Zinnia elegans (zinnia)

 

*Indigène

Photo : Claude Vallée

Photo : Claude Vallée


Photo : Claude Vallée

Photo : André Payette

Photo : Maxime Larrivée

Photo : Claude Vallée

Participer à des programmes de science participative

Si vous avez des asclépiades dans votre cour, vous pouvez aider les scientifiques qui œuvrent pour protéger le monarque en leur partageant vos observations. En participant à Mission monarque, un programme de science participative dirigé par l’Insectarium de Montréal – Espace pour la vie, vous contribuez à la conservation de ce papillon en documentant sa reproduction. Le fonctionnement est simple : il suffit d’inspecter ses asclépiades à la recherche de chenilles de monarque, puis de soumettre ses observations en ligne sur mission-monarque.org. Que vous trouviez des monarques ou pas, toutes les informations sont pertinentes et aideront les chercheurs à mieux comprendre la reproduction de cette espèce en péril, partout au Canada.

Soutenir les efforts de conservation par des dons, la diffusion d’information et la sensibilisation de groupes ou d’individus

Plusieurs organismes recueillent des fonds pour la protection du monarque, comme la Fondation David Suzuki et la Fondation Espace pour la vie.

La diffusion d’information et la sensibilisation sont deux actions importantes pour soutenir le monarque, que ce soit par les réseaux sociaux, les échanges en famille et entre amis, dans notre milieu de travail et notre communauté. Toute personne bien informée peut contribuer, de près ou de loin, à la cause du monarque. Pour l’industrie horticole, la solution est dans ses produits et services. Il faut proposer des gammes de plantes et des aménagements en lien avec le monarque.

Villes amies des monarques

La Fondation David Suzuki, en partenariat avec Espace pour la vie, est responsable, au Québec, de l’initiative « Ville amie des monarques ». Cette certification destinée aux municipalités a pour objectif la restauration d’habitats pour le monarque et la sensibilisation des citoyens. Pour en savoir plus : fr.davidsuzuki.org/passez-a-laction/agissez-localement/effet-papillon/ville-amie-des-monarques/. Vous pouvez sensibiliser votre municipalité à devenir ville amie des monarques.

Le monarque à l’école

Les jeunes adorent le monarque et le papillon est bien présent au retour en classe. Une oasis pour les monarques peut facilement être aménagée dans la cour d’école et servir d’outil pédagogique. De plus, l’insectarium de Montréal – Espace pour la vie a élaboré, à l’intérieur de son programme « Mission monarque », une trousse pédagogique s’adressant aux jeunes du deuxième cycle du primaire. Cette dernière comprend un guide pour l’enseignant, un cahier pour l’élève, un support visuel sous format PowerPoint, un formulaire d’observation sur le terrain et un guide d’identification. Cette activité peut être effectuée du début du mois de juin au début d’octobre. Cette trousse peut être téléchargée gratuitement au lien suivant : [ https://www.mission-monarch.org/fr/trousse-pedagogique/].

Favoriser le monarque est une belle occasion de promouvoir les retombées que peuvent avoir l’horticulture sur la biodiversité et le bien-être des collectivités. La végétalisation est une solution d’avenir à laquelle tout un chacun peut y contribuer.

Un merci particulier
L’auteur tient à remercier chaleureusement M. André-Philippe Drapeau Picard, biol., M. Sc., coordonnateur de Mission monarque, Insectarium de Montréal – Espace pour la vie, pour la validation du texte contenu dans cette fiche.